Publié le 26 juil 2011Lecture 7 min
Exploration IRM de l’endométriose profonde
M. DEKER D’après P. LOUBEYRE et coll., Genève
L’IRM permet difficilement de différencier les lésions endométriosiques, de composante fibromusculaire, des structures anatomiques normales, telles que les ligaments utérosacrés, la paroi vaginale, la paroi antérieure du rectosigmoïde, qui sont également de nature fibromusculaire. Une opacification rectovaginale par un gel pour échographie permet de mieux délimiter l’extension anatomique des lésions endométriosiques profondes. Ce procédé permet de visualiser les lésions de la paroi postérieure du cul-de-sac Douglas, une atteinte isolée des ligaments utérosacrés, une extension à la paroi rectovaginale, et une atteinte rétrocervicale ou rétro-isthmique.
Les lésions endométriosiques infiltrantes profondes sont définies par la présence de tissu endométrial dans l’espace rétropéritonéal ou infiltrant la paroi des organes pelviens à une profondeur d’au moins 5 mm. Si le diagnostic des implants endométriosiques est facilité par l’examen laparoscopique, cette modalité exploratoire est rarement concluante pour le diagnostic des lésions endométriosiques infiltrantes profondes. En effet, le cul-de-sac de Douglas peut être masqué par des adhésions, voire être complètement oblitéré. Dans les cas où le cul-de-sac est correctement visualisé, les lésions endométriosiques peuvent, pour leur majeure partie, être localisées dans l’espace rétropéritonéal. Le bilan d’imagerie devrait être le plus informatif possible en cas de sus- picion de lésion endométriosique profonde. Figure 1. Anatomie pelvienne normale en IRM T2, vue sagittale, avec opacification rectale et vaginale. Le septum recto-vaginal est visible en IRM en présence de tissu graisseux (flèches) (a et b). La paroi postérieure du cul-de-sac vaginal et la paroi antérieure du rectum ne peuvent pas être distinguées l’une de l’autre sans l’interposition de tissu graisseux (c et d). L’étoile noire désigne un kyste ovarien séreux. Bilan IRM : les limites L’IRM est le seul moyen d’imagerie permettant d’explorer l’ensemble du pelvis. Toutefois, il ne permet pas de visualiser les implants les plus superficiels ou les implants ovariens et il sousestime la présence et l’extension des adhésions endométriosiques. Les endométriomes contiennent des produits de dégradation du sang, accumulés après les hémorragies répétées. Figure 2. Nodule isolé de la paroi vaginale au niveau du cul-de-sac postérieur en vue sagittale (a) et transversale (b) sur une IRM en T2 (flèche blanche). Les images en T1 saturation de graisse permettent de différencier le contenu hémorragique ou graisseux des lésions kystiques (kystes endométriosiques ou dermoïdes, respectivement). Sur les images en T2, l’apparence variable de l’endométriome peut refléter la concentration en produits sanguins, le signal étant d’autant plus faible que le contenu en fer est important. Les lésions endométriosiques profondes infiltrant les structures postérieures se présentent principalement sous la forme de zones irrégulières ou de nodules de basse intensité sur les images en T2. Les lésions infiltrantes sont principalement constituées d’une prolifération de cellules musculaires lisses et de fibrose, entourant les glandes endométriosiques ectopiques. Figure 3. Atteinte isolée des ligaments utérosacrés. Pas d’aspect nodulaire sur le torus utérin sur une vue sagittale en T2 (a). Épaississement isolé des ligaments utérosacrés et de leur jonction au torus utérin (flèches blanches) en vue sagittale paramédiane (b), coronale (c) et transversale (d). Figure 5. Atteinte rétrocervicale avec extension au cul-de-sac postérieur du vagin. Images en T2, vues sagittale (a), coronale (b) et axiale (c) montrant une rétroflexion utérine avec un épaississement rétrocervical et isthmique, s’étendant aux ligaments utérosacrés (petites flècles blanches sur l’image coronale) ainsi qu’un aspect assez irrégulier et tronqué du cul-de-sac en sagittal (flèche noire). On note l’interposition d’anses iléales au niveau du cul-de-sac de Douglas (flèches blanches en transversal). Figure 4. Atteinte des ligaments utérosacrés avec extension rectale. Images en T2, vues transversale (a), sagittale droite (b) et sagittale gauche (c) montrant une déviation à gauche de l’utérus, avec adénomyose et rétroflexion, et un aspect épaissi (flèche blanche) et nodulaire (flèche noire) du ligament utérosacré droit qui semble adhérer au rectum (vue transversale). La paroi postérieure du cul-de-sac vaginal semble régulière. L’étoile noire désigne l’ovaire droit. Il n’est pas rare de ne pas retrouver de tissu endométriosique ectopique, même dans les formes les plus envahissantes d’endométriose profonde. Ces caractéristiques histologiques expliquent pourquoi les classiques spots d’hyperintensité sur les images en T2, qui correspondent à la dilatation des glandes endométriosiques (kystes endométriosiques), ou les spots d’hyperintensité en T1, qui correspondent aux foyers hémorragiques au sein des lésions fibromusculaires, ne sont que rarement retrouvés dans les lésions infiltrantes profondes. L’injection intraveineuse de gadolinium, qui permet de rehausser les images lésionnelles, est débattue car ce procédé ne permet pas de différencier les lésions infiltrantes profondes postérieures des autres structures fibromusculaires. De plus, le rehaussement normal, visible dans les paramètres normaux, les petites veines pelviennes et la surface péritonéale vascularisée ou inflammatoire, peut être faussement interprété et passer pour des foyers d’endométriose dans ce contexte. Le cul-de-sac de Douglas est difficile à explorer en IRM, car il s’agit d’une région anatomique de petite taille comprenant des structures fibromusculaires telles que les ligaments utérosacrés, la paroi vaginale et la paroi antérieure du rectosigmoïde. Le plus souvent, les lésions endométriosiques à évaluer ont une intensité de signal très proche de celle des structures anatomiques environnantes, et sont donc particulièrement difficiles à différencier. Des faux positifs peuvent résulter d’une mauvaise interprétation des structures anatomiques normales. L’opacification recto-vaginale facilite l’exploration vaginale P. Loubeyre et coll. réalisent l’exploration IRM après administration d’un myorelaxant et opacification vaginale et rectale par un gel pour échographie. Ce procédé permet de bien délimiter le col, les culs-de-sac et la paroi du vagin, de même que le rectum et la paroi de la jonction recto-sigmoïde (figure 1). Les lésions endométriosiques infiltrantes profondes apparaissent principalement comme des zones de forme irrégulière ou des nodules de faible inten sité en T2. Une atteinte des ligaments utérosacrés, de la paroi vaginale ou de la paroi rectale est suspectée devant un épaississement ou un aspect nodulaire de ces structures avec des bords irréguliers. Un comblement du culde- sac de Douglas survient quand les lésions rétrocervicales ou rétro-isthmiques s’étendent à la paroi rectale antérieure. Des adhésions sont responsables d’une distorsion de l’anatomie pelvienne normale. Une collection liquidienne cloisonnée suggère une adhésion péritonéale. La figure 2 montre un nodule isolé de la paroi postérieure du cul-de-sac vaginal, pouvant être confondu avec un nodule de la cloison recto-vaginale. La figure 3 montre une atteinte isolée des ligaments utérosacrés. Ces derniers peuvent être infiltrés sur toute leur longueur, mais la lésion la plus fréquente est une atteinte de la portion médiane proximale, le long du bord postérolatéral du col. L’atteinte des ligaments utérosacrés peut s’étendre aux parois vaginale et rectale (figure 4). La grande majorité des nodules ou des plages d’endométriose se situent dans la région rétrocervicale, au-dessus de l’attache du cul-de-sac postérieur au col. L’endométriose rétrocervicale est généralement associée à une atteinte des ligaments utérosacrés. Elle peut s’étendre vers le cul-desac vaginal (figure 5), à la paroi rectale (figure 6) ou les deux. Un comblement du cul-de-sac de Douglas est fortement évocateur de nodules rétrocervicaux ou rétro-isthmiques avec une extension à la paroi rectale. La profondeur des lésions infiltrant la paroi rectale ne peut pas être objectivée en IRM. Figure 6. Atteinte rétrocervicale avec extension au rectosigmoïde. Images en T2 vues sagittale (a) et coronale (b) montrant un nodule rétrocervical (longue flèche noire), une extension aux ligaments utérosacrés (petites flèches noires), une pénétration dans la paroi du sigmoïde (flèche blanche) responsable d’une sténose.
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