Publié le 17 oct 2022Lecture 3 min
Cytostéatonécrose ou lésion évolutive ?
Stéphanie COHEN-ZARADE, Cécile FARGES, Radiologues, Paris
Madame S., âgée de 55 ans, se présente pour une mammographie. Elle ne présente pas de facteur de risque familial mammaire et ne prend pas de traitement hormonal substitutif. Elle a bénéficié d’une réduction mammaire il y a 4 ans. Son examen clinique est normal.
Sur la mammographie, à droite, en inféro-interne, en regard de la cicatrice en T de mastopexie, on met en évidence une masse spiculée avec quelques calcifications (figure 1).
Figure 1. Mammographie bilatérale. Masse spiculée en regard de la cicatrice de mastopexie droite.
A noter les fines cicatrices fibreuses rétraciles formant de fines bandes denses linéaires,
concaves vers le haut, et la modification de l’architecture de la glande mammaire,
avec un siège topographique plus central de la glande, post-mastopexie.
L’échographie retrouve une masse atténuante, en correspondance avec l’anomalie mammographique (figure 2).
Figure 2. Coupe d’échographie du sein droit. Masse de forme mal définie, atténuante,
en regard de l’anomalie mammographique.
A la relecture de la mammographie antérieure, d’il y a 2 ans, on retrouve un kyste huileux typique à ce niveau (figure 3). Cependant, au vu de la modification de l’image et de la morphologie de la masse, on décide de la réalisation d’une IRM mammaire complémentaire.
Figure 3. Mammographie droite face et oblique.
Un kyste huileux était présent à la place de la masse spiculée.
L'IRM retrouve la masse spiculée inféro-interne droite, prenant fortement le contraste, de façon rapide, suivie d’un plateau, réalisant une courbe de rehaussement de type II (figure 4).
Figure 4. IRM en séquence T1 (sans saturation du signal de la graisse)
et après injection de gadolinium, à 2 minutes.
On retrouve la masse spiculée apparaissant en hyposignal T1 et prenant fortement le contraste.
Une microbiopsie est réalisée et l’histologie montre une cytostéatonécrose.
Le suivi ultérieur confirmera l’absence de lésion évolutive.
Après une chirurgie mammaire ou après un traumatisme, on peut parfois observer des lésions de cytostéatonécrose ou " kyste huileux ".
Le kyste huileux se présente en mammographie sous la forme d’une masse arrondie, à centre clair et fines parois, le plus souvent le long du trajet chirurgical. La paroi du kyste peut se calcifier au fur et à mesure du temps.
En échographie, à un stade précoce, le kyste huileux mime un kyste liquidien. Â un stade intermédiaire, le kyste associe une composante anéchogène et des éléments échogènes nodulaires souvent accolés à la paroi.
À un stade plus tardif, l’aspect est plutôt celui d’un kyste à contenu épais, avec des zones atténuantes en rapport avec les calcifications pariétales.
En IRM, le kyste huileux, du fait de sa composante graisseuse, prend souvent un aspect IRM caractéristique avec un hypersignal en pondération T1 et T2 sans saturation du signal de la graisse, et une absence de signal en cas de saturation du signal de la graisse. Classiquement, le kyste huileux ne se rehausse pas après injection de produit de contraste. Cependant, il peut exister un rehaussement périphérique linéaire et régulier du fait de l’attraction de vaisseaux normaux et d’une composante cicatricielle qui lui est associée. Parfois, le kyste huileux peut même présenter des phénomènes inflammatoires avec une prise de contraste plus marquée, voire suspecte, comme dans le cas ici présenté.
Hormis un aspect typique, il ne faut pas hésiter à pratiquer une microbiopsie afin de ne pas méconnaître une lésion évolutive.
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