Publié le 15 déc 2020Lecture 2 min
Les échographies de contrôle ne suffisent pas !
Stéphanie Cohen-Zarade, Cécile Farges, Radiologues, Paris
Mme P. est une patiente de 72 ans avec un antécédent de traitement conservateur du sein gauche en 2001 avec tumorectomie, irradiation et hormonothérapie adjuvante. Elle refuse depuis lors les mammographies de contrôle, pour ne pas « subir » les effets des rayons X, et ne souhaite se faire suivre que par des échographies mammaires annuelles.
L'examen est difficile en raison d’une plage aténuante en regard de la cicatrice, mais sur l’échographie récente, cete plage semble augmenter de taille (figure 1).
Figure 1. Échographie mammaire gauche. Plage atténuante modifiée et augmentée de taille par rapport au bilan précédent.
On réalise donc une IRM com plémentaire qui montre une masse profonde du sein gauche traité, sur la cicatrice (figure 2). Il n’existe pas d’adénopathie axillaire associée ni de lésion controlatérale.
Figure 2. Masse irrégulière prenant le contraste, profonde, sur la cicatrice au niveau du sein gauche.
On insiste alors auprès de la patiente pour réaliser un bilan de second look, avec cette fois une mammographie complète. Le bilan retrouve la plage aténuante en échographie, mais également une plage de microcalcifications sur la mammographie (figure 3), en correspondance avec l’anomalie IRM. On réalise une macrobiopsie, sous échographie (10 G) avec mammographie, des prélèvements qui montrent bien la présence de microcalcificaions (figure 4).
Figure 3. Mammographie oblique gauche et en agrandi. Plage de microcalcifications denses et polymorphes au contact de la cicatrice, non comparables mais suspectes.
Figure 4. Prélèvements de la macrobiopsie sous échographie contenant des microcalcifications.
L’histologie révèle un carcinome canalaire infiltrant de bas grade. Ce cas rappelle donc l’intérêt de réaliser un bilan mammoéchographique annuel chez toutes les patientes ayant un antécédent de cancer du sein. Chez cette patiente, la mammographie aurait certainement permis de détecter plus précocement l’apparition de microcalcifications sur la cicatrice, à distance du traitement.
Gynécologues et généralistes ont un rôle majeur à jouer pour expliquer aux patients le bénéfice des mammographies, et l’absence de risque radique démontré pour une mammographie annuelle après 50 ans (hors risque généique pariculier). En pariculier chez une patiente ayant été traité par radiothérapie, de l’ordre de 50 Gy, les 4mGy par sein au maximum reçus à chaque mammographie n’ont aucun impact supplémentaire.
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