Publié le 03 juil 2024Lecture 3 min
Syndrome génito-urinaire de la ménopause, insuffisamment pris en compte
Denise CARO, d’après un symposium, avec la participation du Dr Gabriel André (Strasbourg)
La Société Internationale pour l’étude de la santé sexuelle des femmes et la Société nord-américaine de la ménopause ont adopté le terme de syndrome génito-urinaire de la ménopause (SGUM) pour caractériser l’atrophie vulvo-vaginale secondaire à la carence hormonale qui touche toute la sphère génito-urinaire(1).
La carence hormonale a des répercussions sur l’urètre avec une insuffisance sphinctérienne, sur la vessie avec des infections fréquentes et une instabilité, sur la vulve et le vagin responsables d’une dyspareunie et de difficultés sexuelles et sur le tissu conjonctif et les muscles favorisant un prolapsus et une incontinence(1). Le SGUM touche la plupart des femmes à la ménopause et s’aggrave avec le temps(2). Selon une enquête nord-américaine, 55 % des femmes ménopausées déclarent avoir une sécheresse vaginale, 44 % une dyspareunie, 37 % une irritation ; elles disent que ces symptômes affectent leur sexualité dans 59 % des cas, leur sommeil dans 24 % des cas, leur qualité de vie dans 23 % et leur humeur dans 23 %(3).
Évoquer la sexualité des femmes ménopausées reste un sujet tabou. Les problèmes sexuels liés à l’âge sont considérés comme normaux et irréversibles. Moins d’un professionnel de santé sur cinq questionne ses patientes sur leur vie sexuelle, 13 % évoquent un SGUM, alors que près d’une femme sur deux aimerait que le sujet soit abordé. La majorité des patientes ne font pas le lien entre les symptômes du SGUM et la ménopause, et une sur deux ignore qu’un traitement, hormonal ou non, est possible(3,4).
Des solutions existent
Selon une revue systématique Cochrane de 2009 portant sur 19 313 femmes ménopausées, les œstrogènes(EG) locaux sont plus efficaces que le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THM), avec un risque relatif d’incontinence urinaire de 0,74 pour les EG locaux et de 1,32 pour le THM(5). De même, l’hyperactivité vésicale est significativement améliorée par le traitement local que par le THM (p < 0,0001)(6), et le risque relatif d’infections urinaires récidivantes est de 0,25 pour les EG locaux et de 1,08 pour le THM(7).
Par ailleurs, selon la vaste étude américaine (la WHI), 26 % des femmes avec un traitement hormonal systémique présentent des symptômes génito-urinaires sous THM(8).
Enfin, selon une revue systématique Cochrane de 2006, les différentes formes et molécules d’œstrogènes locaux ont une efficacité équivalente,supérieure au placebo et aux gels hydratants non hormonaux. Ils sont bien tolérés malgré quelques irritations et/ou pertes vaginales(9). À noter que le bénéfice disparaît à l’arrêt du traitement.
Quoi qu’il en soit, il importe de rassurer les femmes concernant la tolérance des EG locaux.
En effet, selon la NHS (Nurses’ Health Study) qui a suivi des femmes ménopausées entre 1982 et 2012, l’utilisation des EGlocaux n’est pas associée à une augmentation du risque cardiovasculaire ou de cancer(10) .Autre donnée très rassurante, une publication portant sur deux cohortes britanniques suivant des femmes avec un cancer du sein a montré l’absence d’augmentation de la mortalité par cancer du sein chez les patientes utilisant des EG locaux(11).
«Ces résultats sont particulièrement intéressants sachant qu’une atrophie vaginale et des rapports sexuels difficiles, voire impossibles, sont une cause majeure de la mauvaise observance des antiœstrogènes chez les femmes traitées pour cancer du sein, selon le Dr André. Aussi est-il très important de rassurer ces patientes quant à la sécurité et à la bonne tolérance des EG pour traiter le SGUM. Nos voisins britanniques proposent des EG locaux en vente libre.»
D’après un symposium organisé par Procter & Gamble, avec la participation du Dr Gabriel André (Strasbourg).
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