Publié le 30 nov 2024Lecture 5 min
Nouveaux profils des patients réalisant une vasectomie
Hélène JOUBERT, d’après la communication du Pr Florence Eustache et du Dr Rabih El
La vasectomie devient une méthode contraceptive de plus en plus choisie en France, avec une évolution des profils des candidats vers des hommes plus jeunes, célibataires et sans enfant. Cependant, l’autoconservation n’est pas systématiquement proposée en pratique, un point qui mérite réflexion et qui soulève également la question d’un éventuel consensus international à ce sujet ainsi que celle du coût de la cryoconservation.
La vasectomie est le mode de contraception masculine le plus fiable pour contrôler la fertilité, avec un risque de grossesse théorique de 0,1 %. C’est aussi la méthode la plus répandue dans le monde chez l’homme, notamment dans les pays anglo‐saxons et au Canada. Environ 120 000 à 500 000 vasectomies sont réalisées aux États‐Unis chaque année contre 40 000 à 50 000 en France. Ce nombre a été multiplié par 15 entre 2010 et 2022 dans l’Hexagone(1). À l’échelle mondiale, environ 50 millions d’hommes ont recours à cette méthode contraceptive.
Du fait de l’augmentation, progressive mais bien réelle, du nombre de vasectomies en France depuis 2010 et de la baisse continue des stérilisations chez la femme, pour la première fois en France il y a eu davantage de stérilisations masculines que féminines en 2021 et 2022. L’incidence de la vasectomie est passée de 9,8 vasectomies pour 100 000 hommes âgés de 20 à 70 ans en 2010 à 149,5 en 2022(1). Entre 2015 et 2022, le nombre de vasectomies a été multiplié par 10 en France, selon les données PMSI (3 743 à 29 890). Cette augmentation est observée aussi bien en milieu urbain que rural et dans toutes les régions, avec en tête l’Auvergne‐Rhône‐Alpes, les Pays de la Loire et l’Occitanie(2).
Un postopératoire codifié
Le suivi postopératoire d’une vasectomie comprend un contrôle par spermogramme à 3 mois et après 20 éjaculats. Le succès est défini par une azoospermie ou un nombre de spermatozoïdes immobiles inférieur à 100 000. Tant que la présence de spermatozoïdes n’est pas totalement écartée, des contrôles biologiques sont effectués jusqu’à l’obtention d’un spermogramme sans spermatozoïdes après centrifugation. Durant cette période, une méthode contraceptive doit être maintenue. Si des spermatozoïdes sont encore présents, un nouveau spermogramme est réalisé à 6 mois, 9 mois, voire 12 mois. Une reprise de la vasectomie est envisagée à 6 mois en cas de spermatozoïdes mobiles, ou à 12 mois si la numération dépasse 100 000 spermatozoïdes immobiles par millilitre. La vasectomie présente une bonne acceptabilité, avec un taux de regret ou d’insatisfaction de 1 à 2 %(2). Les complications postvasectomie avec réhospitalisation sont rares (1 % des hommes) : 0,2 % de complications de type hématome local, 0,4 % d’infections locales et 0,2 % de kystes ou hydrocèles.
Une progression des hommes jeunes, célibataires et sans enfant
La proportion d’hommes jeunes (de moins de 30 ans) ayant subi une vasectomie a augmenté de 1,5 % en 2010 à 5,5 % en 2022. Durant cette période, l’âge moyen des hommes ayant recours à cette méthode contraceptive a également baissé, passant de 44 à 41 ans. Ces hommes appartiennent en majorité à des catégories socio‐économiques plus favorisées(1). La proportion d’hommes célibataires ayant opté pour la vasectomie progresse également, passant de 5,5 % en 2010 à 12,5 % en 2022. De même, la part des hommes sans enfant ayant réalisé cette intervention est passée de 12,5 à 20,5 % durant cette même période.
Par ailleurs, d’autres profils émergent : des hommes engagés dans la préservation de l’environnement (« un geste écoresponsable »), souhaitant éviter les effets secondaires des contraceptifs hormonaux ou désireux de promouvoir l’égalité dans le partage des responsabilités contraceptives.
La cryopréservation de spermatozoïdes selon les pays
La cryoconservation des spermatozoïdes est peu abordée dans les recommandations des guidelines européennes et américaines. De plus, il existe peu de données dans la littérature à ce sujet. Le coût de la congélation varie selon les pays : en France, il faut compter environ 150 euros pour la congélation initiale et 40 euros par an pour la conservation, avec une prise en charge par la Sécurité sociale et la mutuelle. En Belgique, la conservation pendant 10 ans est tarifée à 500 euros, renouvelable. Aux États‐Unis, le coût est d’environ 35 dollars par mois, tandis qu’au Danemark, la conservation à vie s’élève à 1 300 euros.
La conservation des spermatozoïdes avant une intervention est une option non obligatoire mais qui peut être proposée. Elle doit être réalisée dans un laboratoire qui a l’autorisation Cecos (centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains). Cependant, plusieurs barrières existent, comme le manque d’informations fournies, la nécessité de se justifier lors de la consultation et du prélèvement, ainsi que le coût associé aux procédures.
Les pays européens présentent des taux variés de cryoconservation des spermatozoïdes avant une vasectomie. Une enquête réalisée entre janvier et juin 2021 auprès des sociétés d’urologie dans 12 pays européens a identifié d’importantes différences(3). En France, 95 % des praticiens discutent de la cryopréservation avant la vasectomie, tandis qu’en Belgique ce chiffre tombe à 49 % et au Luxembourg à 57 %. De plus, 84 % des médecins en France sont favorables à la cryoconservation avant la vasectomie contre seulement 25 % en Belgique et 12 % au Luxembourg.
Autoconservation des spermatozoïdes : profil des patients
Quel est le profil des hommes qui choisissent l’autoconservation des spermatozoïdes ? En France, un acte de cryoconservation de sperme avant la vasectomie a été retrouvé pour 5,49 % des hommes en 2021 contre 6,96 en 2010, soit un taux en légère diminution. L’autoconservation des spermatozoïdes avant une vasectomie a évolué entre 2010 et 2021, selon la fédération des Cecos (données en cours de publication). La proportion d’hommes sans enfant ayant fait une auto‐conservation avant la vasectomie a considérablement augmenté, passant de 3 % en 2010 à 14,9 % en 2021. En 2010, 80,7 % des hommes étaient en couple, tandis qu’en 2021 ce chiffre est tombé à 57 %. La proportion d’hommes ayant des enfants est également passée de 3 % en 2010 à 14,9 % en 2021. Le nombre d’hommes n’ayant pas de désir d’enfant a augmenté, lui, passant de 1,5 % en 2010 à 9,9 % en 2021.
Quelle proportion de «retours en arrière»?
Entre 2010 et 2017, les cas de 26 251 patients ayant subi une vasectomie en France ont été étudiés concernant des actes de vasovasostomie et de prélèvement de gamètes : 132 (0,5 %) ont bénéficié d’une vasovasostomie, dont 93 (0,4 %) dans les 5 ans suivant la vasectomie, avec une moyenne de 3,8 ans après l’intervention. L’âge médian des hommes ayant subi une vasovasostomie était de 41 ans. Concernant les prélèvements chirurgicaux, 85 hommes (0,3 %) ont réalisé une ponction, dont 44 dans les 5 ans (0,2 %), avec une moyenne de 4,8 ans après la vasectomie. L’âge médian pour ces prélèvements était de 43,1 ans.
D’après la communication du Pr Florence Eustache et du Dr Rabih El, « La place de l’homme dans la vie de l’enfant »,
29es journées de la FFER, Brest, septembre 2024.
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