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Publié le 16 déc 2009Lecture 7 min

Voyages : quels conseils donner pendant la grossesse

S. ORLANDI, CH Dijon

Les femmes enceintes, ou désirant l’être, doivent être informées des risques que représente un voyage dans des zones où sévissent des endémies ou des épidémies et où les conditions sanitaires et d’hygiène sont insuffisantes pour leur grossesse ! Le bénéfice du voyage doit être réexaminé à la lumière de ces différents éléments. La période idéale pour voyager se situe entre la 16e et la 28e semaine. Les premiers examens de contrôle ont été effectués, les nausées ont disparu, le risque de fausse-couche est moindre et il n’existe pas encore de risque d’accouchement prématuré.
 

Moyen de transport L’avion La plupart des compagnies aériennes acceptent de transporter les femmes enceintes de ≤ 36 SA pour un vol intérieur. Les agents de bord ne sont pas formés aux urgences obstétricales. Les problèmes communément associés aux vols aériens sont la thrombophlébite. Pour éviter tout risque d’hypoxie dû à l’altitude et à la pressurisation, l’hémoglobine doit être > 8,5 g/dl et le placenta doit être normal. Les mesures hygiéno-diététiques habituelles des longs courriers doivent être strictement observées : zone non fumeur, marche régulière en cabine, mobilisation des membres inférieurs, bonne hydratation, pas d’alcool ni d’excitants…   Le bateau Les problèmes sont le mal de mer et les chutes. Afin d’enrayer le mal de mer, on peut prescrire de la doxylaminepyridoxine ou conseiller la consommation de gingembre.   La voiture Les risques sont ceux des accidents de la route. Il faut s’assurer de toujours porter la ceinture de sécurité au niveau du bassin (attention, elles ne sont pas disponibles dans tous les pays). Pour les accidents sans traumatisme direct, il est suggéré d’obtenir au moins 4 heures de tracé et, s’il y a eu traumatisme, au moins 24 heures de surveillance avec tracé continu. L’événement à craindre lors d’un traumatisme direct (par exemple lors d’une décélération brusque) est un décollement placentaire (risque de 20 à 50 %). Il est conseillé de conduire un maximum de 6 heures par jour et de prendre une pause toutes les 2 heures, afin de minimiser le risque de thrombophlébite.   La destination Il est déconseillé aux femmes enceintes de voyager vers des régions isolées, vers des régions d’endémicité amarile (si la patiente n’a pas été vaccinée auparavant) et vers des régions à forte endémicité de malaria, où le risque de transmission est important et où la résistante aux antipaludéens est fréquente (zone C = zone IV de l’OMS).   Consultation avant le départ Il faut effectuer le bilan de grossesse usuel ainsi que tout bilan infectieux nécessaire selon la région visitée. En début de grossesse, certains suggèrent une échographie précoce afin d’éliminer la possibilité d’une grossesse ectopique. Le praticien peut être amené à réaliser une déclaration d’aptitude au voyage.   Les risques La diarrhée du voyageur Elle affecte jusqu’à 90 % des voyageurs. L’antibioprophylaxie n’est pas indiquée chez les femmes enceintes. Dans le cas d’une simple diarrhée, le lopéramide est recommandé pour les femmes enceintes pendant la période symptomatique de 24 à 48 h. En tenant compte des résistances croissantes, un antibiotique peut être prescrit avant le départ et pris au besoin (C3G : céfixime 400 à 800 mg per os).   La malaria Elle est causée par le parasite plasmodium, transmis par l’anophèle femelle. Les symptômes sont accentués au cours de la grossesse : anémie, hyperthermie, hypoglycémie, contractions utérines et insuffisance placentaire. La mortalité maternelle atteint 10 % et la mortalité foetale est également accrue.  Prévention : moustiquaire, insecticide.  Prophylaxie : chloroquine 1 semaine avant et 4 semaines après le voyage.  Prophylaxie pour les régions résistantes : ● chloroquine et proguanil au 1er trimestre ; ● méfloquine au 2e trimestre.  Traitement dans les régions sensibles : chloroquine.  Traitement dans les régions résistantes : quinine et quinine IV. Une grossesse survenant lors d’une prophylaxie contre la malaria ne nécessite pas d’interruption, les risques pour l’embryon étant minimes.   Le virus H1N1 À l’occasion de ces premières observations, les experts des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) rappellent qu’en raison de la gravité particulière de la grippe chez les femmes enceintes, l’American College of Obstetriciens and Gynecologists conseille, de façon générale, la vaccination des femmes enceintes par le vaccin trivalent inactivé. Les experts du CDC recommandent aujourd’hui, de traiter systématiquement par oseltamivir (durant 5 jours) les femmes enceintes atteintes de la nouvelle grippe A (H1N1) confirmée, probable ou suspectée. Ce traitement doit être débuté si possible dans les 48 heures suivant le début des symptômes. Cependant, ces experts précisent que, si la patiente est vue plus tardivement, l’oseltamivir doit être tout de même prescrit. Dans cette indication curative, l’oseltamivir, actif per os, doit être préféré, dans l’état actuel des connaissances, au zanamivir (Relenza®), l’autre antiviral actif sur cette souche grippale. En effet, les CDC estiment que la diffusion systémique de l’oseltamivir permet une meilleure éradication du virus en dehors du système respiratoire et procure peut-être une protection supérieure visà- vis de la transmission de la mère à l’enfant. En prévention, les mêmes experts recommandent de prescrire à toutes les femmes enceintes en contact étroit avec une personne atteinte de grippe A confirmée, suspectée ou probable, une chimioprophylaxie de 10 jours. Celle-ci peut reposer sur l’oseltamivir ou le zanamivir et doit être débutée le plus tôt possible après l’exposition au virus. Rappelons qu’en France, les autorisations de mise sur le marché de ces deux médicament précisent qu’ils ne doivent être utilisés au cours de la grossesse que « si le bénéfice pour la mère justifie le risque potentiel encouru par le foetus » (ce qui, selon les CDC, semble bien être le cas avec le nouveau virus A [H1N1]). Vaccination L’idéal serait de vacciner avant la gestation, car certains vaccins ne sont pas dénués de danger au cours d’une grossesse. Cependant, on est souvent amené à vacciner des femmes enceintes : ● soit à l’occasion d’un voyage à l’étranger, ● soit lors des épidémies qui sévissent dans le monde. En ce qui concerne les dangers des vaccinations chez les femmes enceintes en France, on peut classer schématiquement les indications vaccinales en trois catégories (tableau ci contre). Parasitoses Il faut les dépister et les traiter avec du métronidazole.   Autres  Le sport : les sports modérés, comme la marche, la natation, la gymnastique douce et le vélo, sont possibles. En revanche, la plongée ou l’escalade sont, bien sûr, à déconseiller.  L’hydratation et la protection contre le soleil sont à recommander. Consultation de retour Il est suggéré de refaire un bilan infectieux après un voyage. La patiente doit reconnaître les signes d’alarme : fièvre, diarrhée, rectorragie, ou symptômes d’une infection transmise sexuellement. POINT À RETENIR • La période idéale pour voyager se situe entre la 16e et la 28e semaine. • Il faut effectuer le bilan de grossesse usuel ainsi qu’un bilan infectieux nécessaire selon la région visitée. • Parasitoses : il faut les dépister avant de les traiter avec du métronidazole. • Les experts du CDC recommandent aujourd’hui de traiter systématiquement par oseltamivir (durant 5 jours) les femmes enceintes atteintes de la nouvelle grippe A (H1N1) confirmée, probable ou suspectée. • Traitement de la malaria : – dans les régions sensibles : chloroquine, – dans les régions résistantes : quinine et quinine IV. • Refaire un bilan infectieux après un voyage.

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