Publié le 14 déc 2008Lecture 6 min
Petit lexique des dysfonctions sexuelles féminines
F. RAMSEYER, Thionville
La dysfonction sexuelle se définit par l'incapacité à ressentir pleinement, sainement et agréablement, en tout ou en partie, les divers états ou stades physiques que l'organisme traverse généralement au cours d'une activité sexuelle. 40% des femmes sont, jusqu'à un certain point, affectées par un dysfonctionnement sexuel (Bajos N, Bozon M. Enquête sur la sexualité en France, Éditions La découverte 2008). Cet état regroupe plusieurs troubles définis dans ce petit lexique.
Aversion sexuelle L’aversion phobique récurrente est l’évitement du contact sexuel avec un partenaire sexuel, ce qui cause une détresse personnelle. Dans la plupart des cas, l’aversion sexuelle (AS) tire son origine de facteurs psychologiques ou émotifs. Les causes comprennent l’abus physique ou sexuel ou un traumatisme survenu lors de l’enfance. Grandir dans un environnement familial extrêmement négatif ou punitif vis-à-vis de la sexualité peut contribuer à l’aversion sexuelle. En général, l’AS peut être conceptualisée comme une forme spécifique de trouble phobique. Désir (hormones) Il est clairement établi qu’au moins cinq types d’hormones sont impliquées dans le désir sexuel féminin : la testostérone, les estrogènes, la progestérone, la prolactine et l’ocytocine. Désir (troubles) Absence ou diminution de l’intérêt sexuel ou du désir sexuel, et de pensées sexuelles ou de fantasmes. Les motivations pour essayer d’avoir une sensation érogène sont peu importantes ou absentes. Ce manque d’intérêt est considéré comme plus important que celui survenant habituellement dans le cadre d’un incident du cours de la vie ou du fait de la durée de vie du couple. Le trouble du désir est la dysfonction sexuelle la plus répandue chez les femmes. Dyspareunie La dyspareunie est l’existence d’une douleur persistante ou récurrente lors de tentatives de pénétration complète ou incomplète, ou au cours de la pénétration elle-même. Les causes multiples nécessitent un examen physique, une évaluation, une identification des régions anatomiques et des anomalies causant la douleur. Excitation sexuelle (troubles) C’est l’incapacité persistante d’atteindre un état d’excitation sexuelle suffisant qui entraîne une détresse personnelle exprimée par un manque d’excitation subjective ou génitale (lubrification/ gonflement) ou par d’autres réactions somatiques. Ce trouble peut être à l’origine d’une excitation sexuelle persistante. Excitation sexuelle subjective (troubles) Absence ou nette diminution des sensations sexuelles (excitation et plaisir sexuel) quel que soit le type d’excitation sexuelle. La lubrification vaginale et les autres signes de réponse physique persistent. Excitation sexuelle génitale (troubles) Absence totale ou diminution de la sensation érogène génitale. Ce trouble inclut une diminution des sensations lors des caresses génitales, ou le gonflement vulvaire, ou la lubrification vaginale minime, quel que soit le type de stimulation sexuelle. La sensation d’excitation sexuelle psychique en réponse à des stimulations sexuelles non génitales persiste. Excitation sexuelle (troubles mixtes) Absence ou diminution notable des sensations érogènes (excitation et plaisir) lors de stimulation sexuelle de tout type, et absence ou détérioration des manifestations d’excitation sexuelle génitale (gonflement vulvaire et lubrification). Excitation sexuelle persistante Excitation sexuelle génitale spontanée, intrusive et non désirée (émotivité, démangeaisons, palpitations…) en l’absence de désir ou d’intérêt sexuel. Une certaine conscience d’une excitation subjective est typique, mais pas toujours désagréable. L’excitation n’est pas soulagée par un ou plusieurs orgasmes et les sensations d’excitation persistent plusieurs heures ou jours. Ce syndrome s’accompagne d’une grande détresse psychologique ; les patientes qui en sont atteintes méritent d’être écoutées avec empathie et une attention particulière doit être apportée à leurs symptômes et à leur histoire. Fantasmes Ce domaine du sexuel est riche en images. Il est très peu abordé par le patient et soumis depuis toujours à des interdits et des tabous. Les représentations internes sont souvent le support du désir, elles entraînent une confiance en soi lorsqu’elles sont bonnes. Orgasme Sensation de plaisir intense provoquant un état de conscience modifié, accompagné de contractions de la musculature des muscles striés à l’entrée du vagin qui amène une sensation de bien-être. Données récentes sur l’orgasme : C’est une expérience affective et émotionnelle. Le processus principal est réflexe et non conscient (implication des structures souscorticales et du S. limbique). Il s’accompagne d’une modulation cognitive consciente (aires corticales associatives postérieures et préfrontales) (rôle de l’hémisphère droit). Le renforcement de l’intensité de l’orgasme est lié à l’attachement (importance de l’hypothalamus et de la régulation hormonale - ocytocine). La qualité et l’intensité dépendent de l’émotion amoureuse. Par ailleurs : L’orgasme obtenu par stimulations clitoridiennes serait plus intense et violent, plus localisé, précis, plus « électrique », laissant persister un état d’excitation et de « désir vaginal » que les expériences multiples n’arrivent pas forcément à apaiser, expliquant qu’il soit parfois vécu comme insatisfaisant. • Tandis que l’orgasme par pénétration vaginale procurerait une sensation plus faible mais plus profonde et diffuse, aboutissant à un sentiment de plénitude. Progrès dans la prise en charge de la dysfonction sexuelle féminine Les nouveautés : C’est que la femme ose enfin s’exprimer ! C’est aussi que sa demande puisse être entendue ! C’est la meilleure connaissance épidémiologique, physiopathologique et hormonale des troubles du désir chez la femme. C’est qu’il existe des prises en charge sexologiques et psychologiques qu’il faudra savoir associer aux autres thérapeutiques… Vaginisme Difficultés persistantes ou récurrentes à la pénétration vaginale du pénis, d’un doigt et/ou d’un objet malgré le désir exprimé de le faire. Il y a souvent un évitement (phobie) et une anticipation par crainte de la douleur. Les anomalies physiques auront auparavant été exclues. L’incidence véritable du vaginisme est sous-évaluée. Vestibulodynie ou VVS (Vulvar vestibulis syndrome) ex-vulvodynie Elle est à l’origine de brûlures vulvaires chroniques (depuis plus de 6 mois) sans infection ni dermatose vulvaire, gênant « toute pénétration », doigt, tampons, pénis. Décrite depuis 1970 par Skenne, ce syndrome est toujours sous-diagnostiqué. Sont mis en cause dans ce syndrome les infections, les allergies, les causes neurologiques, les traumatismes, les causes biologiques (oxalates), hormonales et psychologiques. Les traitements multiples laissent une tension musculaire au niveau du périnée avec une douleur réflexe qui gêne la pénétration.
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