Publié le 24 déc 2024Lecture 4 min
Le risque cardiovasculaire n’épargne pas les femmes en âge de procréer
Denise CARO, d’après la communication du Pr Nathalie Chabbert‐Buffet (Tenon Paris)
Les maladies cardiovasculaires (MCV) sont la première cause de mortalité chez la femme(1). En France, elles sont responsables de davantage de décès dans la population féminine que masculine(2). Les femmes ménopausées ne sont pas les seules concernées ; celles en âge de procréer présentent elles-aussi bon nombre de facteurs de risque cardiovasculaires traditionnels ou émergents à bien connaître.
Une étude observationnelle française récente (WAMIF) a recensé les facteurs de risque chez 314 femmes de moins de 50 ans admises à l’hôpital pour un accident cardio‐ischémique aigu. Les trois quarts des patientes étaient fumeuses, 35 % avaient un antécédent familial de MCV, 13 % étaient sous estroprogestatifs (dont certaines avaient une contre‐indication à ce type de contraception)(3). Ce travail a révélé la responsabilité de facteurs de risque émergents moins connus comme une complication durant une grossesse (31 %), ou un stress peu de temps avant l’événement (55 %).
Les moins de 30 ans pas épargnés
Il est intéressant de noter que les moins de 30 ans ne sont pas épargnés. Une publication américaine s’est attachée à répertorier les facteurs de risque CV chez la femme jeune en distinguant le type de facteurs impliqués(4). Cette étude prospective portant sur près de 3 000 femmes âgées de 18 à 30 ans suivies de 1985 à 1986 a confirmé la responsabilité des facteurs traditionnels comme l’HTA, la dyslipidémie, le diabète ou le tabagisme. Elle a aussi mis en exergue l’implication de facteurs socio‐économiques tels que la précarité, le stress, et les violences, et celle de facteurs de risque moins connus comme une athérosclérose infraclinique, une inflammation, une CRP élevée, des modifications génétiques, ainsi que des troubles gynécologiques (ménopause précoce, SOPK, antécédent d’infertilité, complications de la grossesse, contraception). Concernant ce dernier point, une métaanalyse s’est intéressée aux liens entre facteurs reproductifs et MCV. Elle a mis en évidence le rôle péjoratif d’un antécédent de naissance prématurée, d’une prééclampsie, d’une mort fœtale in utero, d’un diabète gestationnel, d’un SOPK, d’une HTA gravidique et d’un diabète gestationnel(5). À noter que la majorité des femmes qui ont eu une complication gravidique se savaient à risque CV sans pour autant avoir consulté un médecin à ce sujet(6).
Des efforts de prévention et d’information nécessaires
Dans une étude de 2024 soumise à publication, le Dr Stéphane Manzo‐Silberman (hôpital de la Salpêtrière, Paris) a évalué la prévalence des facteurs de risque CV chez la femme jeune. Deux mille femmes de 16 à 45 ans (échantillon représentatif de la population en France) ont été invitées à répondre à un questionnaire en ligne (système online CAWI réalisé par IPSOS) concernant les facteurs de risque traditionnels, l’hygiène de vie et les facteurs de risque émergents (malheureusement les facteurs liés à la grossesse ne figuraient pas dans ce questionnaire). La prévalence de chaque facteur de risque a été calculée, ainsi que celle des facteurs cumulés.
Parmi les facteurs de risque traditionnels, les auteurs ont retrouvé : 36 % d’âge supérieur à 35 ans, 31 % de surpoids et obésité, 24 % de fumeuses de tabac ou de cannabis, 17 % d’antécédents CV familiaux, 3 % d’HTA et 4 % d’antécédents CV personnels. Facteur de risque moins traditionnel, 12 % des femmes signalaient une migraine avec ou sans aura. La prévalence des facteurs de risque liés à une mauvaise hygiène de vie était particulièrement élevée, avec 55 % des femmes restant assises plus de 7 h par jour, 83 % faisant moins de 75 minutes activité soutenue et 84 % mangeant moins de cinq fruits et légumes par jour. Parmi les facteurs émergents, une mauvaise connaissance en matière de santé arrivait en tête avec 87 % des réponses, suivi d’abus et violence (29 %) et de troubles psychologiques (25 %). Plus rarement étaient citées une maladie auto‐immune (4 %), une endométriose (4 %) et un SOPK (3 %).
« L’ensemble de ces données confirme que les femmes en âge de procréer ne sont pas épargnées par les maladies cardiovasculaires », a conclu le Pr Nathalie Chabbert‐Buffet (hôpital Tenon, Paris). « Gynécologues et obstétriciens doivent bien connaître les facteurs de risque traditionnels (dont les valeurs seuils évoluent) ainsi que les facteurs émergents tels que le stress, les violences et les complications gynéco‐obstétricales ; ils doivent en tenir compte lors de la prescription de contraceptifs et de traitement hormonal substitutif. Ils ont un rôle à jouer dans la promotion d’une bonne hygiène de vie.»
D’après la communication « Le risque cardiovasculaire chez les femmes en âge de procréer » du Pr Nathalie Chabbert‐Buffet (Tenon Paris). Congrès InfoGyn.
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