Publié le 28 fév 2024Lecture 3 min
La sexualité post-hystérectomie totale versus subtotale
Radhouane ACHOUR, gynécologue-obstétricien, sexologue, médecine et chirurgie esthétique et reconstructrice génitale, Tunis (Tunisie)
L’hystérectomie est l’intervention gynécologique la plus pratiquée au Royaume-Uni et aux États-Unis(1). En France, en 2019, on estime que 60 000 actes ont été réalisés(2). Son impact sur la sexualité a fait couler beaucoup d’encre et n’est pas entièrement élucidé à ce jour.
La plupart des études n’ont pas montré d’effet indésirable de l’hystérectomie sur la sexualité(3). Cependant, le sujet étant tabou donc peu étudié, il existe un manque d’information sur la fonction sexuelle des femmes en post-hystérectomie dans de nombreux pays. Nous aborderons dans cet article les principales conclusions dans la littérature et leur impact sur la pratique gynécologique.
Fonction sexuelle après hystérectomie totale vs subtotale
Les études de Masters et Johnson citées par J. Saini et coll.(4) ont suggéré que, au moins chez certaines femmes, l’utérus joue un rôle dans la fonction sexuelle. Par conséquent, une hystérectomie pourrait avoir un effet néfaste sur l’orgasme. Il a donc été proposé(5) que la technique de l’hystérectomie subtotale soit privilégiée pour préserver les nerfs et les ligaments afin de conserver une fonction sexuelle adéquate en postopératoire. Selon l’étude Thakar et coll.(1) publiée en 2002, la fonction sexuelle n’était pas significativement différente entre les groupes.
L’évaluation de la fonction sexuelle est basée sur le score Female Sexual Function Index (FSFI). Ce score comporte 19 questions évaluant 6 domaines(6) :
– le désir (items 1 et 2) ;
– l’excitation sexuelle (items 3 à 6) ;
– la lubrification (items 7 à 10) ;
– l’orgasme (items 11 et 12) ;
– la satisfaction sexuelle (items 13 à 16) ;
– la douleur (items 17 à 19).
Selon l’étude de J. Saini et coll. publiée en 2002(4), il y a une différence statistiquement significative en faveur des patientes ayant bénéficié d’une hystérectomie subtotale en termes de fréquence de rapports sexuels, d’orgasme et de satisfaction sexuelle globale par rapport aux patientes ayant eu une hystérectomie totale (p = 0,01 ; 0,03 et 0,03 respectivement).
Les résultats de l’essai clinique randomisé publié en 2004 par Vibeke Zobbe et coll.(7) comparant la sexualité après hystérectomie totale versus subtotale n’appuient pas la suggestion que la préservation du col utérin à l’hystérectomie augmente la satisfaction sexuelle, et trouve qu’un changement vers la technique d’hystérectomie subtotale semble injustifié du point de vue sexologique.
Le tableau résume l’évaluation par domaine de la fonction sexuelle post-hystérectomie totale versus subtotale dans la littérature.
Fonction sexuelle et annexectomie
Plusieurs études dont celle de Kilkku et coll.(9) ont conclu que les femmes qui subissent une hystérectomie avec une ovariectomie bilatérale ont tendance à avoir de moins bons résultats en termes de fonction sexuelle que les femmes qui ont conservé leurs ovaires.
En comparant la ménopause chirurgicale et naturelle, il y a chez les femmes annexectomisées beaucoup plus de rareté des rapports sexuels, et de multiples problèmes de la fonction sexuelle ont été rapportés avec un niveau élevé d’intensité des symptômes de la ménopause(11).
En conclusion
À l’heure actuelle, il n’y a pas de preuves solides sur l’idée que l’hystérectomie subtotale peut entraîner une meilleure fonction sexuelle en post opératoire par rapport à l’hystérectomie totale. Des recherches sur ce sujet, sur une population plus large afin de répondre de façon plus précise aux questions posées, s’avèrent nécessaires.
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêt en rapport avec cet article.
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