Publié le 13 nov 2008Lecture 3 min
Cancer du sein R0+ : risque de rechute précoce chez les femmes ménopausées traitées par tamoxifène
Dr F. May-Levin
Durant de nombreuses années, le traitement adjuvant hormonal standard des cancers du sein opérables chez la femme ménopausée a été le tamoxifène. Actuellement, les antiaromatases de 3e génération les ont supplanté, ayant prouvé leur plus grande efficacité. Cependant, afin d’affiner les indications, il peut être intéressant de mieux comprendre les divers facteurs de risque de rechute survenant en dépit d’un traitement adjuvant post-chirurgical par le tamoxifène. Tel est l’objectif de l’étude menée par une équipe canadienne chez des femmes ménopausées (1).
Méthode Il s’agit d’une étude rétrospective des femmes âgées de 50 ans ou plus, traitées entre 1986 et 1999 pour un cancer du sein localisé (M-), dont la tumeur est récepteur estrogénique positive (R0+) et qui ont reçu un traitement adjuvant par tamoxifène. Toutes ces femmes étaient résidentes de Colombie Britannique au Canada. Toutes les informations ont été collectées dans le registre national. Le critère principal est la durée de survie sans récidive, analysée en fonction de la date de survenue de la récidive, soit précoce (RP) dans les 2,5 premières années après le début du traitement, soit tardive (RT) entre 2,5 et 5 ans. Résultats Ont été incluses 3 844 patientes, âgées en moyenne de 65 ans. Elles ont toutes reçu un traitement adjuvant par tamoxifène et ont pu être suivies durant au moins 5 ans, avec une période moyenne de 9,1 ans. Parmi elles, 70 % sont R0+. Une chimiothérapie a été associée au traitement hormonal chez 15 % des malades. Les rechutes Dans les 5 premières années, 15,3 % des patientes ont rechuté dont 7,9 dans les 2,5 premières années (groupe 1) et 7,4 % entre la 2,5e et la 5e année (groupe 2), tandis que 84,7 % restent indemnes dans les 5 premières années. Comparaison des caractéristiques de rechutes des patientes dans les 2,5 premières années (groupe 1) et entre la 2,5e et la 5e année (groupe 2). Parmi les malades en rechute précoce (groupe 1), on note un taux plus élevé d’envahissement ganglionnaire (11,5 % contre 9,7 % dans le groupe 2), et surtout d’envahissement plus massif : 17,5 % d’envahissement de 4 à 9 ganglions, contre 11,9 % dans le groupe 2, ainsi qu’une plus grande fréquence de tumeurs grade histopronostique 3 (14,31 % dans le groupe 1 contre 10,5 % dans le groupe 2). De plus, les rechutes précoces surviennent plus fréquemment dans les cas à faible taux de récepteur estrogénique (rappelons que toutes les femmes incluses étaient R0+). En étude multivariable prenant en compte les principaux facteurs pronostiques, le grade histologique, l’envahissement ganglionnaire et le taux de R0 restent significatifs. Comparées aux patientes sans récidive dans les 5 première années, c’est l’envahissement ganglionnaire qui est le plus significatif : risque relatif 2,23 (1,24-4,09 en cas de rechute précoce) et, en cas d’envahissement de 4 ou plus ganglions, ce risque passe à 2,23 (1,22-4,09), alors que s’effacent les autres facteurs pronostiques (grade histologique, taille tumorale, envahissement lymphovasculaire). Conclusion Cette étude est intéressante car elle permet d’identifier les femmes à très haut risque de rechute précoce et ce, en dépit d’un traitement hormonal, qui a été jusqu’à ces dernières années, le traitement adjuvant hormonal de référence chez les femmes après la ménopause, avec une tumeur R0+. Il sera intéressant de faire une analyse similaire chez des patientes traitées à titre adjuvant par les antiaromatases de dernière génération.
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