Publié le 15 mai 2023Lecture 3 min
SOPK et obésité - Des patientes éligibles à la chirurgie
Sophie CARRILLO, Paris
Le lien épidémiologique entre anomalie du cycle et IMC est évident chez les femmes avec syndrome des ovaires polykysiques (SOPK). Cete situaion comorbide affecte la fertilité féminine. Chez les patientes ayant un SOPK avec un IMC > 35, une chirurgie bariatrique est envisageable. Cette chirurgie peut permettre d’améliorer l’insulinorésistance, de restaurer des cycles ovulatoires et donc d’améliorer la fertilité.
Le surpoids, voire l’obésité, est souvent mais inconstamment assoocié au syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) et à l’insulinorésis-ance. On estime que 30 à 40 % des patientes avec SOPK ont un poids normal et que 35 à 50 % sont réellement obèses (IMC > 30)(1,2). Ces chiffres restent très supérieurs à ceux de la population générale, même si ces derniers sont en constante augmentation du fait de « l’épidémie d’obésité » dans les pays occidentaux.
Le lien épidémiologique entre anomalie du cycle et IMC ou tour de taille, ce dernier reflétant très fidèlement l’excès de tissu adipeux viscéral, est en effet évident chez les femmes avec SOPK. De nombreux travaux l’ont confirmé, mais ce sont sans doute les études familiales qui le démontrent de la façon la plus éclatante : parmi les filles d’une même fratrie ayant un SOPK, donc à patrimoine génétique égal, celles qui sont en surpoids ont une hyperandrogénie et un trouble du cycle plus sévères que leurs sœurs de poids normal(3).
Rappelons que le SOPK est la cause la plus fréquente d’infertilité, de troubles du cycle et d’hyperandrogénie chez la femme. Sa prévalence dans la population générale est de 5 à 10 %(4). L’hyperinsulinisme réactionnel à l’insulinorésistance aggrave les troubles du cycle.
L’obésité affecte la fécondité féminine indépendamment de son impact ovarien. L’hypofertilité liée à l’obésité relève de multiples facteurs : outre son impact sur l’ovulation, l’obésité féminine perturbe la sexualité, augmente le risque de fausse couche, nuit vraisemblablement à la qualité ovocytaire et embryonnaire et, enfin, perturbe l’implantation.
Comme l’explique le Dr Laetitia Jacquesson (endocrinologue, Paris), « les femmes présentant un SOPK et un IMC > 35 peuvent être éligibles à la pratique d’une chirurgie bariatrique (cf. Recommandation de la HAS) ; cette dernière va améliorer les paramètres d’insulinorésistance et la résolution du diabète. La plupart des patientes vont, grâce à cette chirurgie, récupérer des cycles ovulatoires et donc améliorer leur fertilité. La chirurgie bariatrique a un impact d’autant plus positif quand on a un SOPK sous-jacent par rapport à des témoins obèses sans SOPK. On observe égale-ment une amélioration de l’hyperandrogénie. »
Le recul est aujourd’hui important concernant les avantages de la chirurgie bariatrique. « On gagne 6 ans d’espérance de vie et 10 ans quand il y a un diabète sous-jacent », affirme l’endocrinologue, tout en pondérant ses propos : « Ces données sont issues de femmes qui ont plus de 40 ans ; ici, on s’adresse à des patientes plus jeunes et le recul n’est pas encore suffisant pour savoir ce que devienne les enfants nés de mères qui ont subi une chirurgie bariatrique. »
L’obésité aggrave les morbidités de la grossesse tels que le diabète gestationnel, l’hypertension gravidique, l’éclampsie, etc. La chirurgie bariatrique améliore toutes ces comorbidités mais augmente le risque d’anémie, de retard de croissance intra-utérin, des carences chez la mère et chez l’enfant.
Toute patiente qui, avec ou sans SOPK, a subi une chirurgie bariatrique, a un suivi nutritionnel à vie. Ce suivi doit être intensifié pendant la grossesse, et ces patientes doivent être très bien substituées sur le plan vitaminique. « Dans des séries françaises, 4% des femmes sont hospitalisées pour carence vitaminique, en particulier en vitamine B12, et dénutrition. Il est indispensable que ces femmes soient très bien suivies », insiste l’experte.
D’après une communication du Dr L. Jacquesson, dans le cadre du 32e Salon Gynécologie Obstétrique Pratique, mars 2023.
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