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Hommage

Publié le 31 mar 2025Lecture 3 min

Hommage au Pr Patrick Madelenat

Bruno DEVAL

Le professeur Patrick Madelenat nous a quittés le 27 février 2025 à 23h30. Lors d'une de nos conversations récentes, il m’avait dit : « Je sais tout... » Existaient chez Patrick, un peu de Joseph Kessel par la puissance de son travail, un peu d’Antoine Blondin par l’écriture romantique qu’il a donnée à son sport, un peu d’Albert Camus par sa philanthropie, un peu de Descartes par sa notion de séparation de l’âme et du corps, un tiers de Stefan Zweig par son refus de l’intolérance, un tiers de Friedrich Nietzche par son oui à la vie.

Patrick débordait de tiers, il était inclassable, nous l’avons suivi. Son service n’était pas une école de chirurgie mais une école de vie. L’interne y était roi, nous venions y opérer, nous y avons appris notre métier. Nous l’écoutions : ses présentations de dossiers, son élocution, ses jugements, son sens de la liberté, du collectif, de l’éthique, de l’organisation, de la méthode, tout était implacablement organisé ; il arrivait le matin au staff de garde avec une pile d’articles de revues, il y en avait pour tout le monde. Nos écrits étaient corrigés au Typo noir ; les diapositives de meeting étaient des diapositives au sens propre et les films de cœlioscopie, des films VHS. La carrière de Patrick fut linéaire et fulgurante de réussite. Il fut premier prix de catéchisme, reçut les honneurs et prix d’excellence des classes primaires et secondaires. Quand d’autres vivent une adolescence de poètes, lui ne voulait pas perdre de temps. En 1968, les hommes et les femmes de sa génération révolutionnaient ; trop respectueux des institutions, de l’ordre, de la hiérarchie, lui travaillait. Il fut interne des hôpitaux de Paris, assistant du Pr Jean Ravinat, agrégé à 32 ans, chef de service à 35 ans, rédacteur en chef de Gynécologie Obstétrique & Fertilité, président de club d’aviron, président de la collégiale parisienne, président de la CME de L’AP‐HP. Il disait souvent : «Je suis fait pour diriger. » Récemment, il avait d’ail‐ leurs été sollicité pour devenir président de la Fédération française d’aviron, il se savait malade et avait décliné. Le 4 septembre 2024, nous avions dîné ensemble avec mes deux fils ; il les aimait beaucoup. Je l’avais trouvé en pleine forme. La maladie s’est déclarée deux semaines après. De son hospitalisation à Bichat, il ne retenait que le bon souvenir qu’il avait laissé aux brancardiers. Qu’il s’agisse d’une maladie hépatique lui importait moins. Le début du traitement fut institué en novembre 2024 ; dans ces cas, l’immunothérapie traite 25 % des lésions à deux ans; il devait être dans ce wagon, c’était écrit, nous y avons tous cru. Le 13 février 2025, l’IRM et le scanner de contrôle mettaient en évidence une progression de la maladie. Il changea d’oncologue. À la clinique du Val‐d’Or, on lui apporta un cigare, les premiers soins lui furent appliqués, il allait mieux. La veille de sa seconde et dernière hospitalisation, j’étais à son chevet à Vaucresson ; le courrier que je lui avais écrit était sur sa table de nuit, recouvert de son Typo noir. Il est parti avec la certitude qu’il était entouré et aimé, lui qui pensait s’en aller dans l’anonymat. Je pense à ses élèves, à ses amis et à tant d’autres qui souffrent dans leur chair. Sa transmission est considérable, amour du prochain, respect des institutions, puissance de travail, vivacité d’esprit. Sur ce courrier posé sur sa table de chevet, je lui ai écrit : « Merci. »  

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