Publié le 01 sep 2021Lecture 4 min
Endométriose et sexualité : une relation douloureuse
Émilie MOREAU et Axelle ROMBY, Paris
Sexualité et endométriose sont indissociables, la dyspareunie (cf. rubrique sexologie du Gynécologie-Obstétrique Pratique n° 316) étant l’un des premiers signes d’appel en faveur d’une exploration pour rechercher cette pathologie. Pourtant, les conséquences de l’endométriose sur la sexualité ne sont pas réductibles à ces douleurs profondes : les douleurs chroniques, les comorbidités associées et le fonctionnement sexuel global sont autant d’éléments à prendre en compte dans une approche globale de l’accompagnement de ces patientes.
Conséquences sur la sexualité
Dyspareunie
La dyspareunie est l’un des principaux symptômes en faveur d’une exploration à la recherche d’une endométriose. Pour autant, dans nos consultations de sexologie beaucoup de femmes déplorent le manque de prise en compte de ces douleurs dans leur accompagnement médical une fois le diagnostic posé. Or, dans l’une des études s’intéressant à ce sujet, ces femmes, par rapport à un groupe témoin, rapportent une douleur significativement plus fréquente pendant les rapports sexuels pour un ratio de 53 % contre 15 %(1). Ces douleurs pelviennes s’expliquent principalement par les adhérences provoquées par la diffusion de l’endométriose, s’étendant souvent à plusieurs organes qui se déplacent durant le rapport sexuel.
Douleurs chroniques et comorbidités associées
Si la question de la douleur est centrale dans l’endométriose, cette pathologie est également associée à une plus mauvaise qualité de vie qu’en population générale, ainsi qu’à des taux plus élevés d’anxiété et de dépression(2). Ces comorbidités participent des effets de l’endométriose sur l’estime de soi, l’image corporelle mais également sur la motivation à initier une sexualité.
Impact sur le fonctionnement sexuel
Plusieurs études se sont intéressées au fonctionnement sexuel global des femmes souffrant de cette pathologie. On citera l’une d’elles qui ne s’est pas seulement focalisée sur la dyspareunie mais sur les différentes étapes de la physiologie de la sexualité. Réalisée auprès de femmes avec des endométrioses profondes, les valeurs moyennes obtenues sur les différentes échelles du SHOW-Q ont montré une mauvaise fonction sexuelle, la satisfaction sexuelle étant la dimension la plus affectée, suivie de l’orgasme. La dysfonction sexuelle et la détérioration de la qualité de vie semblent être corrélées selon les auteurs de l’étude(3).
De la nécessité d’un accompagnement global
La prise en soins de la douleur : un prérequis
La pose d’un diagnostic gynécologique est évidemment une première étape importante compte tenu de l’errance thérapeutique à laquelle de nombreuses femmes ont été confrontées. Cette reconnaissance médicale participe à un processus de légitimité fondamental d’un point de vue psychique et social. S’ensuit un parcours qui ne visera pas nécessairement la guérison, mais au soulagement des douleurs associées. Comme bon nombre de pathologies dans lesquelles intervient la douleur, les nerfs touchés, abîmés vont envoyer continuellement leur message douloureux au cerveau, les douleurs neuropathiques devront alors être l’objet d’un accompagnement spécifique en centre antidouleur associant traitements pharmacologiques et approches thérapeutiques telles que l’hypnose ou la sophrologie.
Prise en soins sexologique
Comme cela est souvent le cas en sexologie, c’est la pluridisciplinarité de la prise en soins qui va permettre aux femmes de pouvoirse réapproprier une sexualité depuis longtemps associée à la douleur. La combinaison entre une approche corporelle centrée sur le périnée profond et visant l’assouplissement des adhérences par un•e kinésithérapeute ou un•e sage-femme et une approche sexothérapeutique peut leur être profitable.
L’approche sexothérapeutique consiste ici à pouvoir envisager une sexualité non plus centrée uniquement autour de la pénétration, mais sur l’accès au plaisir de manière plus large. La réappropriation psycho-corporelle subjective est ici primordiale. En effet, de nombreuses femmes décrivent un phénomène de dissociation entre vécu corporel et psychique empêchant l’accès à une sexualité épanouie. Leur corps étant vécu principalement comme un espace douloureux, il peut s’agir alors de les accompagner vers la découverte de celui-ci de façon plus globale afin de leur permettre d’accéder à des zones épargnées par la douleur et pouvant devenir source de plaisir. De fait, la déconstruction idéologique d’une sexualité épanouie uniquement centrée sur la pénétration vaginale est également l’un des leviers de cet accompagnement. Comme cela est souvent le cas, le désir estintimement lié à la satisfaction sexuelle ; or le vécu douloureux du rapport sexuel va au fur et à mesure provoquer un trouble du désir associé. Un accompagnement conjugal pourra également être proposé dans ce contexte lorsque cette pathologie va venir perturber l’ajustement dyadique.
Conclusion
Outre le symptôme douloureux à la pénétration vaginale, c’est donc bien le fonctionnement sexuel global qui va être touché par l’endométriose. La réduction des conséquences de cette pathologie à la pénétration ne rend pas compte de la complexité des atteintes physiques, psychiques et relationnelles sur la sexualité des femmes. Si de plus en plus d’études s’intéressent à la qualité de vie sexuelle des femmes atteintes d’endométriose, ce sont aussi, et surtout, les femmes concernées qui peuvent apporter des solutions grâce à leur propre expérience. Ainsi, Marie-Rose Galès a écrit un ouvrage intitulé : Endo et Sexo Avoir une sexualité épanouie avec une endométriose dans lequel elle explique comment elle s’est réapproprié sa sexualité au moyen de différentes techniques.
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