Publié le 23 mar 2009Lecture 4 min
L’orientation sexuelle chez la femme
P. BRENOT, Université Paris 5
On parle peu de l’homosexualité féminine parce qu’elle est moins fréquente que l’homosexualité masculine, mais également parce que les femmes sont certainement plus discrètes sur leur intimité. Il n’est en outre pas très facile de se repérer dans la jungle des dénominations qui touchent à l’identité sexuée et à la différence des sexes.
La différence des sexes On distingue ainsi trois termes : l’identité, l’orientation et le rôle sexuels. L’identité sexuelle est le fait que l’individu se ressente femme ou homme. Il s’agit du vécu subjectif de l’identité psychologique. L’orientation signe le sens de l’attirance érotique : vers quelqu’un de même sexe (homosexualité) ou de l’autre sexe (hétérosexualité). Le rôle (ou le genre) est enfin « l’allure sociale » de l’individu, c’est-à-dire le fait qu’il nous semble être un homme ou une femme selon les critères de comportement qui appartiennent à chaque culture. On prend ainsi conscience que l’homosexualité est un problème d’orientation érotique et non d’identité puisque le sujet se sent bien dans son sexe biologique (son identité génétique). En revanche, le transsexualisme est un trouble de l’identité sexuelle : le sujet ayant conscience d’appartenir à un sexe différent de son identité génétique. Une transsexuelle femme (1 femme sur 400 000) est ainsi de sexe génital masculin, mais se ressent à part entière comme une femme, de même qu’un transsexuel homme (1 homme sur 100 000) est de sexe féminin à la naissance, mais a la ferme conscience d’être un homme. Enfin, certains sujets sans trouble de l’identité semblent avoir un « look » différent de leur sexe assigné, par exemple une femme très masculine ou un homme efféminé ; ils ont vraisemblablement des problèmes de personnalité les amenant à se sentir mieux dans cet habitus. L’orientation sexuelle L’orientation sexuelle est certainement déterminée très tôt dans la vie de l’enfant par identification au parent de même sexe et en prenant pour objet d’amour le parent de sexe opposé. Cette construction oedipienne naturelle, selon la théorie freudienne, se trouve « inversée » chez certaines personnes qui ont, à l’âge adulte, une attirance érotique vers les individus de même sexe. Cette attirance a toujours été considérée comme « anormale » par les sociétés traditionnelles et les églises, qui y voyaient un comportement « contre nature » (inversion) puisqu’il ne permettait pas la reproduction, puis par la psychiatrie qui en a fait une pathologie (perversion) et la psychanalyse une déviance (névrose). L’homosexualité faisait encore partie des classifications internationales des troubles mentaux (!) jusqu’en 1980 où elle a été retirée du DSM et de l’ICD de l’OMS. L’homosexualité féminine est rare dans sa forme exclusive (0,4 % des femmes dans le rapport Spira en 1992), mais certainement plus fréquente dans sa coexistence bisexuelle avec une relation de couple hétérosexuel. Elle est souvent un exutoire à une sexualité difficilement assumée avec un homme. En cela, les traumatismes sexuels de l’enfance sont souvent présents dans sa constitution. On sait combien de nombreuses femmes homosexuelles ont vécu un inceste ou un viol infantile empêchant ensuite toute relation avec un homme, rappelant trop le père, le frère, le violeur. Cette prévalence de l’inceste chez de nombreuses femmes homosexuelles semble trouver un écho dans l’homosexualité masculine où l’on note une forte prévalence de l’incestuel (climat symboliquement incestueux sans passage à l’acte) entre de nombreux hommes homosexuels et leur mère. Pour ces hommes, la femme représente ainsi un être tabou car rappelant trop la mère, la soeur. Cette lecture de l’homosexualité à travers une dimension symbolique nous permet de comprendre un des mécanismes possibles de cette orientation. L’homosexualité n’est ni une anomalie, ni une maladie, mais une variante normale du comportement sexuel humain. C’est à nous, cliniciens, d’aider, de comprendre et d’accompagner nos patients s’ils sont en difficulté de vie, notamment par rapport au regard que porte leur entourage car, si l’acceptation de l’homosexualité est aujourd’hui beaucoup plus large, il est toujours des milieux ou des familles dans lesquels cette orientation n’est pas acceptée, ce qui amène souvent l’homme ou la femme incompris à vivre douloureusement le rejet de ses proches.
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