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Grossesse

Publié le 30 oct 2024Lecture 3 min

Syndrome de Rokitansky - Quand la GPA est une solution pour devenir mère

Propos recueillis par Sophie MORET

Le syndrome de Rokitansky est une affection congénitale caractérisée par l’absence d’utérus et d’au moins les deux tiers supérieurs du vagin(1). C’est la première cause d’infertilité utérine absolue congénitale(1). Cette maladie, dont l’incidence mondiale est de une naissance féminine vivante sur 5000, toucherait 20000 femmes en âge de procréer (18 à 40 ans) en France(1). Devant la controverse autour de la législation sur la gestation pour autrui (GPA), intéressons-­nous à ces femmes ne pouvant mener à bien une grossesse pour raison médicale.

Mme J. est l’une de ces jeunes femmes. Elle a appris à l’adolescence qu’elle était atteinte d’une aplasie utéro‐vaginale : « Une telle annonce est un choc, même si sur l’instant on ne réalise pas l’étendue de la situation. » Le saisissement est d’autant plus important que, dans la forme typique, aucun signe autre que l’aménorrhée primaire ne révèle ce syndrome. Les caractères sexuels secondaires sont normalement développés ainsi que les organes génitaux externes. « Certes cette anomalie n’est pas mortelle, mais elle a de lourdes conséquences physiques et émotionnelles, surtout quand on aborde le domaine de la parentalité », témoigne‐t‐elle. Pour ces femmes infertiles, trois solutions sont envisageables pour devenir mère : l’adoption, la greffe d’utérus et la GPA. Compte tenu de la longueur des démarches et du faible taux d’adoptions, toutes les possibilités sont envisagées, voire menées en parallèle. « Lorsque j’ai discuté avec mon chirurgien de la greffe d’utérus, celui‐ci m’a conseillé de ne pas opter pour cette alternative. Outre les balbutiements de cette technique en France, je présente un rein ectopique qui contre‐indique la transplantation. Ainsi, je ne pourrai jamais mener à bien une grossesse. Pourtant, mes ovaires fonctionnent normalement, et avec les techniques d’assistance médicale à la procréation, par fécondation in vitro, je peux transmettre mon patrimoine génétique avec mes ovocytes et être mère grâce à la gestation pour autrui, explique Mme J. Malheureusement, cela n’est pas réalisable en France. » En effet, à l’instar des États‐Unis, du Canada et de certains pays européens (Danemark, Pays‐Bas, Grèce, Belgique…), la GPA est interdite(3), et les débats autour de la question n’augurent pas un changement de paradigme. « Comme bon nombre de sujets polémiques et clivants, celui‐ci a été repris par des mouvements de pensée et courants politiques mettant en avant la légalisation de la GPA comme une facilité pour les personnes homosexuelles en couple ou seules de devenir parent. Sans aucun jugement, je tiens à dire qu’il ne faut pas traiter la question de la pratique de la GPA dans sa globalité, mais le faire selon le contexte. Nous, les femmes qui ne pouvons porter d’enfant pour raison médicale, et j’englobe celles qui ont subi une hystérectomie (cancer, accident, hémorragie sévère du post‐partum), devons‐nous faire le deuil d’être mère biologique ? Les dernières enquêtes montrent bien le soutien de l’opinion publique : 71 % de la population française interrogée est en faveur de la GPA pour les couples hétérosexuels contre 60 % il y a 10 ans(4). Les mentalités changent, mais les lois beaucoup plus lentement. La reconnaissance des enfants nés par GPA à l’étranger a évolué ces dernières années(5)… » et de conclure : « Est‐ce la seule solution que le droit français peut nous proposer ? »

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