Publié le 25 sep 2024Lecture 8 min
WHAT’S UP EN IMAGERIE - Comptes rendus et moments forts
En mars dernier, l’infertilité masculine était au centre des tables rondes organisées au Studio 444. Place du spermogramme, de l’échographie testiculaire, optimisation de la fertilité, ressenti psychologique des hommes ont alimenté les discussions qui sont dès maintenant consultables en replay. En voici un résumé pour vous donner l’envie de les visionner.
Jean-Marc LEVAILLANT
Place du spermogramme : astuces de lecture
Nadia NOUIAKH, médecin biologiste de la reproduction, andrologue, Institut mutualiste Montsouris, Paris
Le spermogramme est un examen essentiel pour évaluer la fertilité masculine. Il reflète la spermatogenèse intratesticulaire ainsi que d’autres facteurs tels que la maturation épididymaire, l’intégrité de la prostate et des vésicules séminales, la perméabilité des voies séminales et des facteurs externes comme le désir et l’excitation.
Références et normes de l’OMS 2021
Les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 2021 sont utilisées comme référence pour évaluer les différents paramètres du spermogramme.
• Volume du sperme : le seuil normal est supérieur à 1,4 mL. Un volume inférieur à 1,4 mL est considéré comme une hypospermie.
• Numération : une numération de plus de 16 millions de spermatozoïdes par mL ou de plus de 39 millions par éjaculat est normale. Les valeurs inférieures indiquent une oligospermie. Une absence de spermatozoïdes est désignée comme une azoospermie.
• Mobilité et morphologie des spermatozoïdes : la mobilité et la morphologie sont des critères clés pour évaluer la capacité des spermatozoïdes à fertiliser un ovule. Les critères spécifiques de mobilité et de morphologie n’ont pas été mentionnés dans l’extrait, mais ils sont généralement évalués pour leur activité et leur structure correcte.
Évaluation clinique
Le spermogramme ne doit pas être interprété isolément. Il doit être considéré dans le contexte plus large de la santé reproductive de l’homme, y compris les facteurs médicaux, environne‐ mentaux et de mode de vie qui pourraient affecter la fertilité.
Les grandes lignes
Le volume d’éjaculat, le pH, la viscosité et la présence de cellules rondes sont souvent sous‐estimés. Cependant, elles ont toutes leur importance.
• L’hypospermie peut signer un stress au moment du recueil, une dysfonction érectile ou éjaculatoire, une anomalie quantitative des sécrétions des VS.
• pH alcalin et viscosité augmentée peuvent signer une souffrance prostatique qu’il faudra explorer en faisant un état des lieux avec une échographie du tractus urogénital ou la recherche d’une prostatite à répétition.
• Présence de cellules rondes : le réflexe à avoir en cas de SPC positive est de vérifier s’il y a des cellules inflammatoires.
Quand > 1 M/mL : on fait un LeucoScreen pour voir si présence ou non de PNN. Cela donnera des indices pour savoir si c’est infectieux ou inflammatoire (Q IGAM). Très souvent quand il y a des infections confirmées/avérées, il peut y avoir un retentissement sur la morphologie des spermatozoïdes. C’est notamment le cas des entérobactéries, une infection à E. coli pouvant entraîner une tératozoospermie polymorphe avec prédominance d’un enroulement flagellaire.
Ressenti psychologique des hommes
Déborah SCHOUHMANN-ANTONIO, thérapeute, experte en périnatalité, sexothérapeute, Paris
Déborah SCHOUHMANN développe quatre points importants sur le ressenti psychologique des hommes.
Perception du désir d’enfant chez l’homme
• Le désir d’enfant chez l’homme est souvent plus abstrait ou « virtuel », comparé à celui de la femme, c’est‐à‐dire qu’il est conscientisé mais non ressenti physiquement.
• L’annonce de l’infertilité est souvent perçue comme un choc, une « gifle » pour le couple, soulevant des questions de culpabilité et de responsabilité.
Impact sur l’intimité et la sexualité
• L’infertilité met à nu l’intimité du couple, avec une focalisation accrue sur la reproduction plutôt que sur le plaisir sexuel, ce qui peut transformer la sexualité en une activité moins récréative et plus fonctionnelle.
• Les hommes peuvent éprouver des difficultés à communiquer sur ce sujet, souvent en raison des différences de langage et d’expression émotionnelle entre les sexes.
Conséquences psychologiques
• La gestion de l’infertilité peut entraîner une détresse psychologique significative pour les hommes, comprenant le stress, l’anxiété, et parfois la dépression.
• Les hommes sont souvent moins enclins à exprimer ouvertement leurs émotions ou à chercher du soutien, ce qui peut aggraver le sentiment d’isolement.
Recommandations pour le soutien
• Il est recommandé d’offrir aux hommes des ressources et un soutien adapté pour les aider à gérer leurs émotions liées à l’infertilité.
• La thérapie de couple peut être particulièrement bénéfique pour améliorer la communication au sein du couple et pour aider à gérer conjointement les défis émotionnels liés à l’infertilité.
Comment optimiser ma fertilité naturelle et par AMP
Nicolas CHEVALIER, gynécologue‐obstétricien, polyclinique Saint‐Roch, Montpellier
Dans son exposé « Comment optimiser la fertilité masculine», le Dr Nicolas Chevalier propose un ensemble de recommandations pour améliorer la fertilité naturelle des hommes ainsi que les techniques de procréation médicalement assistée (AMP). Vous trouverez dans son exposé les différents points importants influant sur la fertilité de l’homme.
Influence de l’âge sur la fertilité
Les études citées mettent en évidence une variabilité des paramètres du sperme avec l’âge, affectant la qualité spermatique. Depuis 2021, la loi stipule qu’aucune AMP ne doit être pratiquée pour l’homme après 60 ans.
Impact du tabac et du cannabis
Le tabac et le cannabis sont fortement déconseillés, car ils peuvent réduire de manière significative la qualité du sperme. L’exposé mentionne un seuil critique de 10 cigarettes par jour augmentant le délai de conception, l’arrêt du développement embryonnaire et doublant le risque de fausses couches spontanées (FCS). Il est recommandé d’arrêter ces substances au moins 3 mois avant de tenter une conception.
Effets de l’alcool
L’alcool réduit le volume, la numération, la mobilité et la morphologie spermatiques.
Les cas d’azoospermie (absence de spermatozoïdes dans le sperme) et une augmentation par 6 du risque de fausses couches si consommé dans le mois précédant la conception sont également soulignés. La recommandation est d’éviter l’alcool au moins 3 mois avant la conception.
Surpoids et obésité
Les problèmes de poids sont associés à une diminution de la concentration spermatique. L’indice de masse corporelle joue un rôle crucial dans la santé reproductive masculine.
Exposition à la chaleur
Des sources de chaleur comme les sièges chauffants, l’utilisation prolongée d’un ordinateur portable sur les genoux et un environnement de travail chaud peuvent affecter négativement la concentration et la mobilité spermatiques. Des conseils pour limiter l’exposition à la chaleur sont donnés, tels que d’éviter les bains chauds, les saunas et le port de pantalons trop serrés.
Facteurs environnementaux et autres conseils
La présentation souligne également l’importance de surveiller divers facteurs environnementaux et comportementaux qui peuvent influer sur la qualité du sperme. Des recommandations générales pour optimiser la fertilité incluent le maintien d’un mode de vie sain et la réduction de l’exposition à des risques spécifiques.
Dans son exposé, Nicolas Chevalier fournit des conseils pratiques, fondés sur la recherche clinique, pour optimiser la fertilité masculine, soulignant l’importance des choix de vie sains et d’une éventuelle préparation ciblée avant la conception.
Place de l’échographie testiculaire
Laurence ROCHER, service de radiologie, hôpital Antoine‐Béclère, Clamart
Le Pr Laurence Rocher, spécialiste en uroradiologie, montre l’importance et l’application de l’échographie testiculaire dans la gestion de l’infertilité masculine. L’échographie testiculaire est essentielle pour évaluer des conditions variées, telles que la varicocèle, la microlithiase testiculaire et d’autres anomalies pouvant influencer la fertilité masculine.
La varicocèle
La varicocèle est identifiée comme une cause fréquente et traitable de l’infertilité non obstructive, avec une prévalence significative chez les hommes hypofertiles. Les varicocèles peuvent entraîner des altérations de la spermatogenèse qui se détériore avec le temps, en raison de facteurs tels que la température élevée et les anomalies hémodynamiques. L’échographie permet de visualiser et de mesurer ces varices, et la manœuvre de Valsalva est utilisée pour évaluer leur impact fonctionnel sur la circulation sanguine testiculaire.
La microlithiase testiculaire
Détectée par des dépôts calcifiés dans les tubes séminifères, la microlithiase est souvent asymptomatique mais peut indiquer un risque accru de cancer testiculaire. Le diagnostic par échographie aide à stratifier le risque et à déterminer la nécessité d’une surveillance continue.
Physiopathologie de l’infertilité et varicocèle
Les mécanismes sous‐jacents incluent des effets thermiques et une altération de la microcirculation dans le scrotum, provoquant une augmentation du stress oxydatif et des dommages au DNA.
Ces changements peuvent diminuer la qualité du sperme et, par conséquent, la fertilité.
Évaluation échographique
L’échographie testiculaire évalue plusieurs paramètres, y compris le volume testiculaire et l’échostructure. Un volume inférieur à 12 mL peut indiquer une hypotrophie. L’examen doit inclure une inspection complète de l’épididyme et du canal déférent, zones souvent impliquées dans les pathologies obstructives.
Infertilité et lésions focales
Les lésions focales nécessitent une attention particulière pour dis tinguer les variétés bénignes et malignes. Les nodules hypoéchogènes vascularisés peuvent indiquer des tumeurs stromales, tandis que la présence de microlithes avec micro calcifications suggère un séminome. Les décisions de traitement varient de la surveillance active à l’intervention chirurgicale en fonction des caractéristiques et de la taille de la lésion.
Syndrome de Zinner et malformations associées
Des pathologies comme le syndrome de Zinner, qui implique des malformations des canaux éjaculateurs, ont un impact sur l’infertilité. Les anomalies structurelles peuvent conduire à des obstructions qui altèrent la fonction reproductive.
Laurence Rocher conclut que l’échographie testiculaire est un outil diagnostique important pour évaluer la fertilité masculine, identifier les causes sous‐jacentes de l’infertilité et guider les éventuelles interventions. Elle permet une exploration approfondie des structures testiculaires et aide à planifier une gestion clinique appropriée s’appuyant sur des données précises et spécifiques. L’acquisition des connaissances approfondies en uro‐radiologie par les imageurs est cruciale pour optimiser l’interprétation des résultats échographiques et améliorer les résultats de santé reproductive pour les hommes confrontés à des problèmes de fertilité.
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