Publié le 12 déc 2022Lecture 2 min
Prise en charge hormonale de la ménopause en France : un constat accablant !
Florence TRÉMOLLIÈRES, Centre de ménopause, hôpital Paule-de-Viguier, Toulouse
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Le Congrès mondial de la ménopause vient de s’achever. Après l’annulation de l’édition 2020 pour cause de Covid, plus de 1 600 spécialistes de près de 50 pays se sont retrouvés à Lisbonne avec un plaisir non dissimulé pour quatre jours d’échanges et de débats passionnés autour de la prise en charge de la ménopause. Un vent d’optimisme souffle à nouveau en faveur du traitement hormonal de la ménopause (THM) avec la reconnaissance (enfin…) de l’importance de la voie cutanée de l’estradiol ou de l’intérêt de la progestérone ou de la dydrogestérone comme limitant le risque de cancer du sein, de pathologies thrombo-emboliques veineuses ou d’AVC. Les bénéfices en termes de qualité de vie ou de prévention de l’ostéoporose sont à nouveau mis en avant. Sous l’influence de femmes médiatiques confrontées aux difficultés de prise en charge de la ménopause à la suite du séisme de la publication, il y a vingt ans déjà, de l’étude WHI, comme de praticiens volontaristes, la situation évolue dans de nombreux pays : doublement des ventes des gels d’estradiol au Royaume-Uni, augmentation de 60 % des ventes de THM au Canada sur cette dernière année, mea culpa des Américains sur les conséquences de l’étude WHI.
Et pourtant, en France, rien ne bouge : à peine 6 à 8 % des Françaises prennent encore un THM. Seuls 25 praticiens français étaient présents à Lisbonne, soulignant indirectement le manque d’intérêt des professionnels de notre pays pour cette thématique. La prise en charge (hormonale) de la ménopause n’est pratiquement plus enseignée dans les facultés. Les recommandations de la Haute Autorité de santé sur le THM n’ont pas été revues depuis 2004, sans volonté aucune de prise en compte de l’évolution des connaissances et des spécificités du THM à la « française », voie cutanée de l’estradiol en association avec progestérone ou dydrogestérone, qui sont pourtant maintenant reconnus par tous.
Alors que faire ? Quelle femme publique osera briser le tabou encore associé à la ménopause et, par là même, contribuer à sensibiliser des milliers de femmes sur cette étape de la vie, commune à toutes ? Le GEMVI en collaboration avec le CNGOF a édité, en début d’année, les recommandations françaises de prise en charge des femmes ménopausées. Force est de constater qu’elles n’ont eu que peu d’échos dans la presse spécialisée comme dans la presse grand public… Le projet gouvernemental d’une consultation dédiée à 45 ans pourrait permettre d’informer les femmes, de dépister les facteurs de risque susceptibles d’être amplifiés par la carence estrogénique de la ménopause, de les préparer aux solutions possibles. Espérons qu’il ne s’agit pas une fois de plus d’un coup d’épée dans l’eau !
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